Une petite leçon de linguistique anglaise…
Ah la linguistique… Dès que les gens entendent ce mot, la première des réactions est souvent la fuite, ou bien un sérieux pressentiment que ce qui suit va être d’un ennui mortel… ou d’une incompréhension complexante. Rassurez-vous, la linguistique peut être compréhensible, et même passionnante ! Oui, vous avez bien lu, tout dépend du point-de-vue et de l’angle d’analyse dans lesquels on se place.
Une fois n’est pas coutume, je vous propose cette semaine de découvrir une infime partie de cette discipline…
En 2010-2011, j’ai suivi un Master 2 à l’Université Stendhal – Grenoble III. C’est un Master qui forme les étudiants aux métiers de l’enseignement avec pour objectif principal de les préparer aux concours (en ce qui me concerne, le CAPES d’anglais). Au cours de cette année, j’ai découvert une nouvelle discipline, qui m’a passionnée, bien qu’elle m’ait donné du fil à retordre en début d’année ! La prof appelait ce cours les « faits de langue », autrement dit de la grammaire, ou plutôt de la linguistique, mais à un niveau différent de tout ce que j’avais pu étudier jusqu’alors. Je voyais cela comme une sorte de « philosophie du langage ».
Le cours avait commencé par l’introduction et l’analyse des 3 termes de base qui fondent le discours : I, HERE et NOW. En effet, toute prise de parole repose sur l’existence de ces trois termes, qu’on appelle des déictiques. Le linguiste André Joly parle de triade énonciative pour décrire leur association. Ils sont fondamentaux, au sens où ils fondent l’énonciation, la prise de parole.
Que sont les déictiques ?
Pris individuellement, I, here et now font partie des déictiques, que certains appellent shifters ou embrayeurs. Un shifter (de l’anglais shift « déplacer », « changer de place ») est un terme dont la référence « change » à chaque nouvelle prise de parole.
Here change en fonction de la personne qui parle : ce qui est here pour l’énonciateur peut être un there pour le co-énonciateur.
Now change également avec chaque nouvelle prise de parole : dès qu’un nouvel énonciateur s’exprime, le now de l’autre devient un moment du passé.
Qu’est ce que la « situation d’énonciation » ?
Ce qu’on appelle la situation d’énonciation repose sur l’existence de ces fameux shifters I, here et now. À l’origine, toute situation d’énonciation est définie par un énonciateur (I), un moment d’énonciation (now) et un lieu (here).
On parle parfois de stratégie énonciative pour décrire le lien que l’énonciateur établit avec son énoncé. Il peut montrer que l’énoncé est coupé de son présent (par exemple avec used to) ; il peut émettre un jugement (You shouldn’t have done it) ou témoigner de sa connaissance du monde (avec THE le référent du nom est montré comme déjà connu). L’énonciateur s’adresse au co-énonciateur. L’image qu’il se fait de ce dernier est déterminante pour l’emploi de certaines formes, telle que l’article A. Dans All I had for dinner was a slice of toast, celui/celle qui parle implique que le co-énonciateur n’était pas au courant du dîner frugal.
Quelle est la différence entre HERE et THERE ?
HERE et THERE sont souvent décrits comme des adverbes de lieu. C’est le sous-morphème -ERE qui exprime un lien à la spatialité. Dans THERE, on trouve TH-, marque de l’anaphore (du connu, du déjà vu…).
HERE renvoie au lieu-origine d’où parle l’énonciateur. Il désigne toujours un lieu extérieur au discours, un lieu extralinguistique, que l’on peut montrer du doigt. Inversement, THERE renvoie souvent à un lieu déjà mentionné => emploi anaphorique de THERE.
Lorsque THERE est spatial, il se prononce dans sa forme pleine. Ex: ‘I belong there.’ Lorsqu’il est employé dans une prédication d’existence, il se prononce le plus souvent comme l’article THE (donc non accentué). Dans les prédications d’existence, la référence à un lieu concret est assez ténue : dans There’s a rat under your car, on peut dire que THERE renvoie à la situation d’énonciation. Ce lien à la situation est encore plus ténu quand on évoque l’existence de quelque chose d’abstrait (There’s a lot that doesn’t bear thinking about). Ici there’s sert surtout à poser l’existence de quelque chose.
En guise de conclusion…
Avez-vous tout compris ? Si oui, on peut dire que vous commencez déjà à être un expert de la linguistique anglaise ! Vous vous êtes sûrement rendus-compte que la linguistique est en réalité l’art d’utiliser des termes compliqués pour expliquer des choses toutes simples ! Mais parfois, les choses les plus simples ne sont pas toujours les plus faciles à exprimer… En général, on ne prête pas attention à tous ces mécanismes du langage, d’autant plus quand on s’exprime dans notre langue maternelle. En revanche, l’analyse linguistique devient très intéressante lorsqu’on apprend une nouvelle langue. Elle nous permet de comprendre les mécanismes et les grands principes qui régissent la langue en question, afin de l’utiliser au mieux, mais également de pouvoir la transmettre à notre tour.
Car ce cours à l’université de Grenoble était, comme je l’ai mentionné en début d’article, destiné à des étudiants se préparant eux-mêmes à devenir enseignants. Or, on peut estimer, à juste titre, que pour transmettre un savoir, il faut en connaître les plus profonds rouages… Cependant, la linguistique peut intéresser tout un chacun, dans le cadre de l’apprentissage d’une langue ou simplement si l’on aime les langues en général.
Certes, comprendre le fonctionnement d’une langue est absolument passionnant et furieusement instructif. Hélas, cela ne vous permettra pas de la maîtriser dans la vie courante ou au travail. Pour cela, la pratique de l’oral est primordiale.
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Images :
1) ulapland.fi
2) mesacosan.com
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