Les français sont-ils vraiment nuls en anglais ?
Combien de fois ai-je entendu cette phrase : « Ah tu parles anglais couramment ? Bravo, moi je suis nul en anglais ! ». On dirait presque que c’est une mode, un style de vie, voire une revendication pour les français de ne pas parler d’autres langues que la leur !
Selon des études récentes, plus de 50% des français se disent incapables de suivre une conversation dans une langue étrangère. Pire encore, un salarié sur deux avoue s’être déjà trouvé en difficultés, à cause de l’anglais, dans le cadre de son travail, et 2/3 des demandeurs d’emploi en parlent comme d’un « handicap ».
Pourtant, on ne compte pas le nombre de films et de chansons anglophones regardés et écoutées à longueur de journée par nous tous ! Oui mais voilà, la plupart de temps les films sont diffusés en VF à la télé (à mon grand désespoir !) et on ne fait guère attention aux paroles des chansons (ce qui est parfois pas plus mal !).
Mais qu’est-ce qui nous rebute tant à apprendre une autre langue, et notamment celle de Shakespeare ? Pourquoi sommes-nous si réticents à apprendre LA langue internationale, tandis que nos homologues germaniques, suédois, norvégiens, danois, … la maîtrisent à la perfection ? A qui la faute ? Tentative de réponse en 3 points…
1) La fameuse « exception culturelle » française… ou simple chauvinisme ?
Il y a cinquante ans, la France a créé un dispositif visant à protéger ses produits culturels à grand renfort de subventions, quotas et allègements fiscaux afin de soutenir le cinéma, la télévision et la musique francophones. Dans un contexte de mondialisation galopante et d’inondation par la culture américaine, cette protection prouve d’autant plus son utilité. Mais ne serait-elle pas aussi en train de nous desservir ? Car le revers de la médaille est bien là : nous passons pour des réactionnaires empreints de chauvinisme !
Selon une enquête de la Commission européenne, la France est le seul pays avec l’Espagne et la Belgique francophone où les programmes TV et les films au cinéma sont majoritairement doublés, au lieu d’être sous-titrés.
L’Express.fr parle même d’une « fierté patriotique mal placée »[1], que nous partageons avec nos amis espagnols qui comptent, avec nous, parmi les européens les moins motivés à apprendre une langue étrangère. La raison, en ce qui nous concerne, serait historique. La France ayant été pendant longtemps un puissant empire colonial, cela a pris (et prend toujours) du temps pour que ses citoyens réalisent l’importance d’apprendre une autre langue.
Le ministère de l’Education admet d’ailleurs la place prégnante de cette « exception culturelle » à l’école, qui se traduit, comme nous allons le voir, par une « culture de l’excellence » dans l’éducation.
2) Les méthodes d’apprentissage ?
En Europe, la France est classée 15ème sur 17 sur son niveau en anglais. Qui sont les leaders à votre avis ? Nos amis suédois, of course ! Pourtant, les deux pays ont quasiment le même nombre d’heures d’enseignement de l’anglais à l’école primaire (54h en France et 53h en Suède). Alors, qu’est-ce qui peut expliquer une telle différence de classement ? Cela reposerait sur des méthodes pédagogiques complètement différentes : quand les écoles françaises mettent l’accent sur l’écrit, les élèves suédois, eux, apprennent d’abord à parler la langue. Ce qui paraît plutôt logique étant donné qu’une langue est d’abord destinée à la communication orale, et que l’enfant sait d’abord parler sa langue maternelle avant de savoir l’écrire. Le problème provient également d’une formation bien trop insuffisante des enseignants, certains n’ayant reçus que 9h de formation en anglais avant de (tenter de) l’enseigner !
Sachant qu’il faut plus de 1000 heures de cours pour apprendre l’anglais, l’école est loin d’être suffisante, que ce soit pour les élèves… ou pour les profs ! Et en ce qui concerne l’enseignement secondaire, les deux petites heures dédiées à l’anglais par semaine au lycée ont de quoi inquiéter.
Mais alors, une refonte profonde de l’enseignement des langues à l’école nous permettrait-elle d’améliorer notre niveau d’anglais ? Ou le problème est-il plus profond que cela ?
3) Nos blocages et nos inhibitions
Un certain nombre de blocages nous empêchent, nous français, une plus grande exposition aux langues étrangères.
En effet, la plupart des français évitent de parler anglais quand ils sont à l’étranger (« trop la honte ! ») et préfèrent regarder confortablement leurs séries et films en VF (« trop fatiguant de lire les sous-titres… »). De plus, 30% d’entre nous refuse même catégoriquement de regarder un programme TV en version originale et la grande majorité des films piratés par les internautes sont en VF ! A l’inverse, 92% de nos amis suédois optent pour la VO et 77% profitent de leurs voyages pour pratiquer l’anglais. Et cela se voit sur leur niveau de langue !
Mais qu’est-ce qui nous bloque à ce point ? Il semblerait qu’une des clés de ce blocage provienne d’un trop grand niveau d’exigence des enseignants. On a tous, dans nos douloureux souvenirs de collège d’élève boutonneux et mal dans sa peau, cette peur viscérale de prendre la parole en cours d’anglais par crainte de la faute de grammaire, du défaut de vocabulaire ou de la prononciation hasardeuse, couronnée par les cris moqueurs de ceux qui ne lèveront jamais le doigt. Et puis il y a la moue désapprobatrice du prof qui vient vous achever à la fin de votre piètre (et pourtant très courte) prestation… On avait tous peur de s’exprimer dans une langue qui n’était pas la nôtre car on avait tous l’impression que la faute allait être impardonnable et la sentence implacable. En gros, si ce n’était pas parfait, c’était forcément mauvais ! Or, les enseignants devraient plutôt encourager leurs élèves à s’exprimer, discuter, débattre, que l’anglais soit bon ou pas.
Pour résumé, sommes-nous réellement « nuls » ou souffrons-nous en fait d’un profond blocage psychologique ?
Il semblerait donc qu’il s’agisse plus d’une peur du ridicule que d’un réel problème de « niveau ». En effet, nous avons tellement peur de l’erreur que nous préférons nous taire plutôt que nous tromper. Il y a là un vrai problème de fond, d’ordre psychologique, qui empêche le locuteur français de se lancer, prendre des risques et se faire confiance. Or, nous sommes rentrés dans un cercle vicieux (peur du ridicule = moins de prise de parole = moins de progrès = moins bon niveau = peur du ridicule…) dont il est difficile de nous sortir.
Heureusement, les choses sont un peu en train de bouger. Grâce à la TNT, on peut désormais avoir accès aux films en V.O. sous-titrée sur la plupart de chaînes. Depuis fin 2013, tous les films anglophones diffusés sur France Télévision sont d’ailleurs disponibles en VOST. L’exposition à la langue de Shakespeare pourrait donc s’accentuer dans les années à venir.
De plus, les récentes réformes dans l’éducation nationale mettent tout particulièrement l’accent sur l’apprentissage de l’anglais, notamment dès le plus jeune âge. En effet, plus on apprend tôt, plus on apprend vite !
Maintenant que j’approche de la trentaine, de plus en plus de personnes de mon entourage me font part de leur grand regret de n’avoir pas été des élèves plus assidus : « Si j’avais su, j’aurais plus écouté en cours d’anglais ! ». En effet, les jeunes (et surtout les moins jeunes) réalisent (souvent trop tard) que la maîtrise de l’anglais est un outil IN-DIS-PEN-SABLE dans le monde du travail et dans la société mondialisée d’aujourd’hui.
Et maintenant, testez-vous !
Evaluez votre niveau d’anglais en cliquant sur le lien ci-dessous :
http://speakenglishcenter.com/placement/
Et maintenant, réagissez !
Et vous, êtes-vous nuls en anglais ? Si oui, dîtes-nous pourquoi. Si non, comment avez-vous réussi à surmonter l’implacable fatalité ?
SOURCES :
http://www.presse-citron.net/pourquoi-les-francais-sont-ils-nuls-en-anglais-infographie/
http://www.lexpress.fr/education/pourquoi-sommes-nous-si-nuls-en-anglais_1550045.html
http://www.slate.fr/story/68587/francais-nuls-anglais-fatalite